Zagwazasqim. Un mot étrange, guttural, presque incantatoire. Il ne figure dans aucun dictionnaire, ne résonne dans aucune encyclopédie, ne surgit dans aucune conversation du quotidien. Et pourtant, dans les montagnes reculées du Sud-Lakanéa, ce mot désigne une réalité bien concrète – un rituel, une mémoire, un mode de vie. Il est tout à la fois un concept, un cri, une tradition, et un art de survivre.

Dans cet article, je vais vous faire voyager. Vous découvrirez ce qu’est le zagwazasqim, d’où il vient, comment il structure la vie de ceux qui le pratiquent, et pourquoi il mérite une attention bien plus grande, même en dehors de sa culture d’origine.


Origines du mot : entre mystère linguistique et mythe ancestral

Selon les rares linguistes ayant travaillé sur la langue d’Isk’Tora, parlée uniquement dans trois villages perchés à plus de 2000 mètres d’altitude, le mot « zagwazasqim » proviendrait de trois racines :

  • Zagwa : « plier » ou « transformer »
  • Zasqi : « intérieur », « âme »
  • -im : suffixe verbal exprimant l’action continue ou rituelle

Ainsi, zagwazasqim pourrait se traduire par « le pliage intérieur perpétuel », une métaphore riche évoquant un travail sur soi, un cheminement spirituel profond.

Mais pour les habitants de Surnoa, le village le plus septentrional du Lakanéa, ce mot ne se traduit pas. Il se vit.


Un rite initiatique : le passage par le silence

Chaque enfant, entre 13 et 15 ans, doit accomplir son zagwazasqim. Pendant huit jours, il se retire dans une grotte sacrée, sans nourriture, sans lumière, sans contact. Seule la neige qu’il fait fondre avec une pierre chaude lui sert de boisson.

Ce n’est pas une épreuve de force physique, mais une danse avec ses propres ombres. Dans le noir absolu, les adolescents revivent leurs peurs, leurs hontes, leurs colères. Et peu à peu, selon les Anciens, ils apprennent à « plier leur âme » pour qu’elle devienne plus souple, plus forte, plus lucide.

Le retour au village se fait à l’aube du neuvième jour. L’enfant n’est plus un enfant. Il est devenu Zagwazim : « celui qui a traversé ».


Le zagwazasqim au quotidien : philosophie d’existence

Le rite initiatique n’est que le commencement. Toute la vie est imprégnée par cette philosophie :

  • Ne jamais répondre à la colère par la colère.
  • Ne jamais parler si le silence peut contenir plus de vérité.
  • Observer longuement avant d’agir.
  • Accepter que tout soit impermanent, y compris son propre rôle dans la communauté.

Un Zagwazim ne recherche ni pouvoir, ni gloire. Il cherche l’alignement – entre l’esprit, le corps, les autres et la montagne.

Dans un monde où la rapidité et la productivité sont valorisées, les Zagwazim vivent à contre-courant. Chaque action, aussi simple soit-elle, est empreinte de lenteur et d’intention : tresser un panier, cuire du pain de mousse, ramasser une herbe médicinale.


Une transmission orale millénaire

Il n’existe aucun écrit du zagwazasqim. Tout est transmis oralement, dans une langue où un même mot peut signifier « bois mouillé » et « mémoire floue ». C’est une langue de nuances, de non-dits, de chants interrompus.

Les anciens racontent des histoires pendant des nuits entières, à la lumière d’un feu de racines. Mais ces histoires ne sont jamais linéaires : elles avancent en spirale, reviennent en arrière, laissent des blancs à remplir.

Ainsi, chaque écoute devient une co-création. Le zagwazasqim, ce n’est pas seulement ce qu’on apprend. C’est ce qu’on comprend en silence.


Témoignage : « J’ai vécu un zagwazasqim »

En 2023, une ethnologue suisse, Claire Pomares, obtint la permission exceptionnelle de vivre un zagwazasqim aux côtés de Larkan, un jeune de 14 ans.

« Je pensais que ce serait difficile physiquement. En réalité, le plus dur a été d’être face à mes pensées sans interruption. Sans téléphone, sans livres, sans repères. Les premières heures, j’ai eu des hallucinations auditives. Le quatrième jour, j’ai compris pourquoi ils parlent de ‘plier l’âme’ : on finit par entendre sa propre voix autrement, avec moins de jugement, plus d’écoute. »

Son témoignage, publié dans Revue d’ethnographie sensible, a contribué à faire connaître le concept à un public occidental. Mais Claire insiste : « Ce n’est pas un outil de développement personnel exportable. C’est une culture entière fondée sur une autre temporalité. »


Le zagwazasqim face à la modernité

La vallée de Surnoa n’est pas restée totalement isolée. Depuis une dizaine d’années, les jeunes partent parfois en ville pour étudier. Certains reviennent, d’autres non. Mais tous, même ceux devenus professeurs ou informaticiens, gardent leur zagwazasqim en eux.

Des réseaux sociaux internes ont vu le jour, où les membres publient chaque année leur « mémoire du pli ». Cela peut être un poème, une photo floue, un simple mot. Une manière de continuer à pratiquer le rituel dans le monde moderne, sans le trahir.


Pourquoi le zagwazasqim nous parle, à nous aussi

Même sans montagne, sans grotte, sans neige à faire fondre, le zagwazasqim pose une question essentielle : comment se retrouver soi-même dans un monde saturé de bruit ?

Voici quelques pratiques inspirées librement de cette tradition, que vous pouvez adapter :

  • Prenez un jour par mois sans écran, sans distraction.
  • Écrivez une lettre à votre « vous de 10 ans », puis relisez-la dans le noir.
  • Créez un rituel silencieux après chaque colère vécue : marcher seul, observer un objet, respirer sans parler.

Cela ne fera pas de vous un Zagwazim, mais cela pourrait vous rapprocher de votre propre centre.


Conclusion : un mot, une boussole

Zagwazasqim n’est pas qu’un mot. C’est une invitation à plier ses certitudes pour faire place à autre chose. Une manière de traverser les ténèbres pour y découvrir de la lumière.

Alors, la prochaine fois que vous vous sentez perdu, submergé, oubliez les injonctions à « aller mieux ». Peut-être qu’il suffit, pour commencer, de rester dans l’obscurité un moment. En silence. Et d’écouter ce qui plie doucement en vous.

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